L’analyse des données Flux Vision Tourisme (observatoire touristique départemental) sur les 10 premiers mois de l’année 2025 révèle une saison contrastée. Si la Dordogne enregistre un recul généralisé, le sarladais montre des disparités marquée : la ville de Sarlat souffre davantage sur le marché français que son EPCI, mais tire remarquablement son épingle du jeu grâce à une clientèle étrangère en croissance, portée par un mois de juin exceptionnel et le retour en force des Américains.
1. Contexte départemental : une année de contraction
Pour comprendre la performance du territoire, il faut d’abord poser le décor départemental.
La Dordogne affiche un recul global par rapport à 2024 :
- Clientèle française : les arrivées sont en baisse de 5,1% et les nuitées de 2,6%.
- Clientèle étrangère : le recul est plus marqué avec une baisse de 5,9% des arrivées et de 5,4% des nuitées.
Dans ce contexte morose, les performances de Sarlat et de son EPCI présentent des spécificités notables.
2. Marché français : l'EPCI résiste mieux que la ville centre
Sur le marché domestique, la tendance à la baisse est confirmée localement, mais l’intensité du recul diffère selon que l’on observe la ville ou l’intercommunalité.
Le constat chiffré
- Arrivées françaises : alors que l’EPCI Sarlat Périgord Noir limite la casse avec une baisse de 4,6% (proche de la moyenne départementale) , la ville de Sarlat subit une chute plus lourde de 8,6% de ses arrivées.
- Nuitées Françaises : même constat sur les volumes de nuitées. L’EPCI recule de 4,1% , tandis que Sarlat enregistre une baisse de 7,7%.
L’analyse
La ville de Sarlat a particulièrement souffert sur les mois d’août (-15,7% d’arrivées ) et de mars (-17,7% ). À l’inverse, l’EPCI dans son ensemble a montré une meilleure résilience relative, suggérant que les flux français se sont peut-être davantage diffusés vers les zones périphériques de l’intercommunalité.
3. Marché étranger : Sarlat, locomotive de la croissance
C’est ici que la divergence est la plus frappante. Alors que le département perd des nuitées étrangères (-5,4%), Sarlat affiche une relative bonne croissance.
Sarlat vs EPCI : Le match de l’international
- La Ville de Sarlat : Elle surperforme nettement avec une hausse de 3,2% des arrivées et surtout +4,6% des nuitées étrangères.
- L’EPCI Sarlat Périgord Noir : Le territoire élargi est stable, avec une stagnation parfaite des nuitées (0% d’évolution ) et une légère hausse des arrivées (+0,5% ).
Les ailes de saison comme moteur
La performance sarladaise s’explique par des ailes de saison explosives.
- Juin 2025 a été un mois record pour Sarlat avec +29,7% d’arrivées et un bond spectaculaire de +34,9% des nuitées étrangères
- Avril a également été très fort (+29,3% de nuitées ).
L’EPCI profite aussi de cette dynamique de printemps (+18% de nuitées en juin ), mais a été plus lourdement pénalisé par le mois d’août (-12,1% de nuitées étrangères ) que la ville de Sarlat (-9% ).
4. Typologie des clientèles : le retour des Américains profite à Sarlat
L’analyse des nationalités explique pourquoi la ville centre performe mieux que sa périphérie.
Sarlat : Destination “USA & City Break”
Sur la ville de Sarlat, les États-Unis représentent désormais 18% des nuitées étrangères, talonnant le Royaume-Uni (17%).
- Le marché américain est en croissance de 11% sur la ville.
- Le Royaume-Uni progresse également de 5%.
EPCI : Le fief des Néerlandais
À l’échelle de l’EPCI, la structure du mix client est différente. Les Pays-Bas restent leaders (21% des nuitées), à égalité avec le Royaume-Uni (21%). Les États-Unis ne pèsent que 12%.
- Or, le marché néerlandais est en recul de 9% sur l’EPCI, ce qui plombe la performance globale du territoire.
Conclusion : La ville de Sarlat a bénéficié de son positionnement fort sur les clientèles lointaines (USA) et britanniques, moins sensibles à la conjoncture européenne continentale, tandis que l’EPCI reste plus dépendant d’une clientèle néerlandaise qui a moins performé en 2025.
5. Mise en perspective 2023-2025 pour la ville : une "correction" après une année 2024 exceptionnelle
L’analyse croisée des rapports 2024 et 2025 permet de relativiser la baisse enregistrée cette année pour la ville. Alors que le département de la Dordogne s’installe dans une érosion lente depuis trois ans, la ville de Sarlat affiche une trajectoire singulière : un “boom” spectaculaire en 2024 suivi d’un atterrissage en douceur en 2025, maintenant des niveaux de fréquentation bien supérieurs à ceux de 2023.
Contexte départemental : l’érosion se confirme
À l’échelle de la Dordogne, la tendance triennale est baissière. Le département perd du terrain de manière constante, tant sur le marché domestique qu’international.
- Clientèle française : Le volume de nuitées s’érode d’année en année. Il est passé de 11,01 millions en 2023, à 10,93 millions en 2024, pour tomber à 10,64 millions en 2025.
- Clientèle étrangère : La baisse est encore plus marquée. Le département comptabilisait 6,79 millions de nuitées en 2023. Ce chiffre a chuté à 6,63 millions en 2024 , puis à 6,32 millions en 2025.
Le département n’a donc pas connu le “sursaut” qu’a vécu Sarlat en 2024 et semble perdre des parts de marché.
Marché français à Sarlat : 2025 reste bien supérieure à 2023
C’est sur la ville de Sarlat que la mise en perspective est la plus cruciale pour ne pas céder au pessimisme des chiffres 2025.
L’effet “boom et correction”
Si l’on regarde l’évolution brute :
- 2023 : Sarlat enregistrait 563 114 nuitées françaises (au 31 oct.).
- 2024 : Une année record avec un bond de +33,4%, atteignant 751 038 nuitées.
- 2025 : Un recul technique de -7,7%, retombant à 693 208 nuitées.
L’analyse
La baisse de 2025 doit être lue comme une correction après une année 2024 hors normes. Malgré ce recul, la fréquentation française de 2025 reste supérieure de près de 23% à celle de 2023. Sarlat a donc changé de dimension sur son marché domestique en trois ans, consolidant une large partie des gains de l’année précédente.
Marché étranger à Sarlat : une croissance ininterrompue
Contrairement au marché français qui fluctue, et contrairement à la tendance départementale baissière, le marché international sur la ville de Sarlat est le seul indicateur au vert constant sur trois ans.
La trajectoire ascendante
- 2023 : 339 364 nuitées étrangères.
- 2024 : Croissance à deux chiffres (+15%) pour atteindre 390 424 (selon rappel rapport 2025).
- 2025 : Nouvelle hausse (+4,6%) pour culminer à 408 556 nuitées.
Conclusion sur l’international
En trois ans, Sarlat a gagné près de 70 000 nuitées étrangères supplémentaires sur la période janvier-octobre (portés, notamment, par les clientèles américaines et britanniques). Cette performance valide la stratégie d’attractivité du sarladais qui parvient à surperformer dans un contexte départemental à la baissef
6. Focus territoire (2024-2025) : Sarlat et l’EPCI
Puisque la ville de Sarlat pèse lourd dans les statistiques de l’EPCI, comparer les deux permet de déduire la dynamique des communes périphériques.
- Sur le marché français, les communes périphériques ont amorti la chute : la ville de Sarlat chute de -7,7% alors que l’ensemble de l’EPCI ne recule que de -4,1%. Cela signifie que les communes périphériques ont mieux résisté.
- Sur le marché étranger : Sarlat est en croissance de +4,6% alors que l’EPCI stagne (0%). Cela implique mécaniquement que le reste du territoire est en récession sur la clientèle étrangère, pénalisé par le recul du marché néerlandais, tandis que Sarlat captait les Américains.